Episode 4

Je n’avais cessé de penser à ce qu’avait dit Glass. "Cette pauvre jeune femme". Voila ce que j’étais. Une pauvre jeune femme. Je n’avais aucun contrôle sur ce qui m’arrivait. J’étais condamnée à laisser les autres décider de mon sort. Glass avait décidé de m’abandonner au milieu du désert. Jose avait décidé de m’emmener avec lui, au sommet de la Chute du Mort. Même avant tout cela, je n’avais jamais eu la moindre emprise sur ma vie. Tout ce que j’avais vécu jusqu’à ce jour n’avait été qu’une succession d’événements que j’avais simplement acceptée sans me soucier ne serait-ce qu’une seconde des autres possibilités qui s’offraient à moi. Plus j’y réfléchissais, plus il devenait évident que j’avais été si satisfaite de mon existence uniquement parce que celle-ci ne m’avait encore donné aucune raison de me plaindre.
Peut-être que me trouver seule au milieu d’un pays dont j’ignorais tout, assoiffée et épuisée par la chaleur étouffante, justifiait enfin un certain degré de résistance de ma part. Peut-être que les quelques heures que j’avais passées loin de Thalion en compagnie de Jose avaient suffi à m’habituer à mieux, et que juste accepter mon sort n’était plus assez.
Je n'étais pas à plaindre, pas plus qu'une autre. Ma vie n'était pas si désagréable. Mais cela n’avait plus d’importance. Cette fois, je voulais que les choses se passent exactement comme je l’avais choisi. Car cette fois, j’avais pris une décision. J’allais retrouver Jose.

VISALA : Dimzad.
L’orc grogna.
LUI : Ecoute, petite, c’est pas que j’ai pas envie de t’aider, mais j’ai une mine à superviser.
VISALA : Vous devez bien avoir une voiture ou... quelque chose !
LUI : Un camion vient chercher la cargaison une fois par jour. Tu le manques juste, le prochain sera là demain matin. Si tu veux tuer le temps jusque là, les pioches sont dans la réserve.
Je soupirai, de plus en plus agacée. Je tâtai la poche de mon pantalon pour vérifier que mon porte-feuille s’y trouvait toujours et en vidai le contenu entre mes mains avant de rapidement compter les billets.
VISALA : 50 crédits. Je veux juste retourner à Dimzad.
L’orc jeta un oeil et poussa un râlement.
LUI : De l’argent Odysséen...
VISALA : C’est tout ce que j’ai.
Il soupira et m’arracha les billets d’un geste nonchalant.
LUI : Glizz !
J’ouvris la bouche pour lui demander de répéter mais me retint en voyant arriver le gobelin au pas de course. Il me lança un regard, pencha la tête sur le côté d’un air un peu perdu et se tourna vers son supérieur. Celui-ci claqua des doigts et lui indiqua la sortie de la mine.
LUI : Dimzad. Compris ? Tu l’emmènes à Dimzad. Et fais vite.
Le dénommé Glizz n’avait en fait manifestement pas compris, mais ses yeux s’illuminèrent brièvement la deuxième fois que l’orc prononça le nom de la ville.
Sans m’attendre, il courut vers la lumière du jour.
Je voulus marmonner un merci plus poli que sincère au superviseur orc, mais celui-ci était déjà à mi-chemin de son bureau et m’avait probablement oubliée depuis longtemps. Je lançai un dernier regard aux tunnels qui s’étalaient à perte de vue de tous les côtés, scintillants de milliers de minuscules cristaux de sel roses, me promettant d’y revenir un jour avec Jose, et allai rejoindre le gobelin que j’entendais hurler ce qui ne pouvait être qu’une invitation à le suivre.

J’espérais de tout coeur que Glizz était aussi bon guide qu’il en avait l’air. La communication étant loin d’être idéale entre nous, je ne pouvais qu’avoir aveuglément confiance en lui et faire de mon mieux pour ne pas penser aux dizaines de raison qui me poussaient à rester sur mes gardes.
Comme je le craignais, la nuit finit par nous surprendre après quelques heures de marche, et Glizz refusa d’aller plus loin avant le lever du jour. Il me donna bien entendu une explication, ce qui ne m’avança pas plus. C’est donc avec réticence que je l’aidai à ramasser assez de bois sec pour faire un feu sous le rocher qu’il avait choisi comme abri pour notre campement.
Malgré la chaleur assommante qui régnait seulement quelques minutes plus tôt, le froid nous rattrapa vite, et je réalisai à quel point j’étais reconnaissante d’avoir Glizz à mes côtés : le petit gobelin était toujours assis face à moi, entretenant le feu, lorsque je m’endormis malgré mon acharnement à rester éveillée, épuisée par la brise glaciale et incapable de tenir plus longtemps.

J’ouvris les yeux sous la lumière du soleil et la chaleur déjà étouffante manqua de me faire sombrer à nouveau.
Je restai quelques secondes assise sous le rocher, me demandant brièvement ce que j’y faisais et comment j’y étais arrivée, et me remémorai rapidement les événements de la veille.
Une odeur -- plutôt désagréable -- me fit sortir de mes pensées. A mes pieds, soigneusement déposée sur un lit de branches et de feuilles séchées, encore fumante, se trouvait une carcasse de lézard calcinée. De l’autre côté du feu de camp, Glizz me fit un signe de la main, finissant de déguster la sienne. Je lui souris et attrapai mon petit déjeuner sans grande conviction. Je pris une grande inspiration, puis une première bouchée. Mes dents manquèrent de rester coincées dans les écailles carbonisées de l’animal, mais je n’allais certainement pas me plaindre de la cuisson, aussi excessive soit-elle.
C’était absolument dégoûtant. Peu importe avec quelle ouverture d’esprit j’abordais la question, la réponse restait la même. Chaque morceau de viande me donnait un haut le coeur que je ne parvenais que de justesse à contrôler, de peur de vexer le cuisinier si je me mettais à vomir le casse-croûte qu’il s’était donné tant de mal à me préparer.
Car si à ce jour ce repas reste le pire que j’ai avalé de ma vie, je n’oublierai jamais le réconfort qu’il m’apporta ce matin-là. Au moment où je m’étais sentie plus seule que jamais, Glizz avait été là pour moi. Un parfait inconnu, qui aurait pu à tout moment mettre les voiles pendant mon sommeil sans jamais se retourner, partir à la recherche d’une vie meilleure, loin des mines et des coups de fouet de son superviseur. Il ne me devait rien. Mais il m’avait offert plus de soutien que quiconque auparavant, et j’espérais plus que tout au monde pouvoir un jour lui rendre ce qu’il m’avait donné, ou au moins lui faire comprendre tout ce que sa compagnie m’avait apporté ces longues heures dans le désert impitoyable.
Je laissai tomber ce qu’il restait du reptile où je l’avais trouvé et m’approchai du petit gobelin. Je détachai de mon cou le pendentif d’argent que j’y avais toujours porté et le déposai entre ses doigts tremblants. Il représentait la bannière de Thalion, telle qu’elle était trouvable partout autour des bâtiments officiels de la capitale Odysséenne. Je ne me considérais pas patriote, ou du moins pas plus qu’une autre, mais ce pendentif m’avait été offert par mes parents plusieurs années auparavant, lorsque j’avais obtenu mon diplôme de premier cycle, et j’espérais qu’il aurait la même valeur sentimentale aux yeux de Glizz qu’aux miens. Dans le cas contraire, un bijou comme celui-ci lui assurerait quelques repas décents à Dimzad.
Il écarquilla les yeux et m’adressa un sourire qui en toutes autres circonstances aurait paru plus carnassier qu’émerveillé, fourrant le pendentif dans sa poche après un bref regard méfiant alentour, réflexe qu’il avait vraisemblablement gardé de la mine. Je lui grattai affectueusement l’oreille alors qu’il me serrait dans ses bras.
VISALA : Merci pour tout, Glizz.

Quelques kilomètres seulement nous séparaient encore de Dimzad, et je me surpris à apprécier chaque instant du trajet, à souhaiter que chaque seconde devienne une heure et chaque heure une éternité. Malgré la chaleur accablante et les courbatures qui commençaient à se faire ressentir dans mes jambes de plus en plus lourdes, j’avais pour la première fois la sensation d’être à ma place, au milieu de l’environnement le plus hostile de la planète, en compagnie d’une créature qui ne parlait pas ma langue et à laquelle la moitié d’Odyssée avait prit l’habitude de se référer pour illustrer la puanteur.
De tout coeur, je voulais retrouver Jose. J’éprouvais le besoin de lui venir en aide, d’appeler Roxane, Flux et Husker au secours et de le tirer d’affaire. Mais j’étais bien consciente, même alors que ces pensées m'obsédaient au point de m'en donner mal à la tête, que ce que je cherchais par dessus tout était une raison, quelle qu’elle soit, de rester loin de Thalion encore un peu avant de replonger inévitablement dans le gouffre interminable qu’était ma vie d’Odysséenne insignifiante.
Ma première surprise lorsque nous fûmes arrivés suffisamment proche de la ville pour en apercevoir les portes fut la douzaine de voitures et hélicoptères de police stationnés au milieu de la route craquelée. Ma notion du temps avait souffert de l’agitation des derniers jours, mais j’avais imaginé que les forces de l’ordre Thalionnes seraient déjà loin de la frontière à mon retour en ville.
Je réalisai soudain que j’étais toujours portée disparue, et que mon escapade avec Slayer Jose, dont je n’étais toujours pas revenue, avait probablement fini par se faire remarquer par les agents qui attendaient déjà impatiemment mon réveil la veille pour me raccompagner chez moi. Et même si j’imaginais que Husker avait pris la peine de leur expliquer, aussi crédible que cette histoire puisse leur paraître, que j’étais simplement partie en excursion touristique autour de Dimzad, le dédain avec lequel il m’avait parlé de la police ne me rassurait pas quant à ce que ceux-ci penseraient de son opinion.
Mes craintes s’avérèrent vite fondées, alors que je m’approchais discrètement, longeant la bordure de la ville, soucieuse de trouver Roxane et Flux et de les prévenir de l’enlèvement de Jose avant de me faire repérer par la police qui m’escorterait surement dans l’une des voitures vertes sans me laisser l’occasion de passer les portes de la ville une dernière fois : je reconnus déjà Husker, les bras croisés, adossé à un fourgon blindé, écrasant d’un air nonchalant et un peu amusé un cigare à moitié fumé sur le pneu massif du véhicule.
A côté de lui se trouvait un homme du même âge à peu près, à la peau tout aussi brune, plus petit et bien plus corpulent, moustachu lui aussi mais complètement chauve. Il était vêtu d’un costume poussiéreux et se tenait droit, d’un air défiant, le regard imperturbable rivé sur l’un des officiers de police avec qui il semblait plongé dans une discussion animée qui menaçait de virer à l’incident diplomatique à tout moment.
Mes soupçons se virent confirmés lorsque je fus assez proche de la scène pour distinguer les détails du visage de l’homme et j’en déduis qu’il ne pouvait être autre que Cavil Dimzad, le frère de Husker dont Jose et Flux m’avaient parlé.
Le policier agitait maintenant un doigt accusateur sous le nez du maire qui restait malgré cela absolument impassible.
POLICIER : J’ai été plus que patient, Dimzad ! Offrir le refuge aux pires criminels de la planète dans cette poubelle de ville est une chose, mais laisser vos crapules d’amis kidnapper une citoyenne Odysséenne inconsciente en est une autre !
CAVIL : Visala Fisher est mon invitée personnelle, comme je vous l’ai déjà expliqué. Elle n’est en aucun cas retenue ici contre son gré. Et mes crapules d’amis ne l’ont conduite chez moi que pour s’assurer de son état de santé et lui permettre de prendre un peu de repos pendant que vous et vos hommes étiez préoccupés par son ravisseur, qu’ils ont eu la gentillesse d’attraper pour vous. Tel que je vois les choses, vous leur devez des remerciements avant toute accusation.
L’officier fusilla Cavil du regard mais ne répondit pas à sa provocation.
POLICIER : Je sais que la loi et la justice sont des concepts très difficiles à concevoir pour vous et votre bande de sauvages, mais nous n’abandonnerons pas une civile dans ce coupe-gorge simplement parce que vous nous demandez de vous faire confiance !
CAVIL : Loi ? Justice ?
HUSKER : Et voila, vous l'avez énervé...
Cavil fit un pas vers son interlocuteur et haussa la voix, forçant l’homme à reculer face à la colère inattendue de l’imposant maire de Dimzad.
CAVIL : 5 Onis 972
POLICIER : Pardon ?
CAVIL : Thalion. Procès de Victor Lohmis. Meurtrier de sa femme et de ses deux enfants. Après cinq ans de procédures, relâché pour manque de preuves.
POLICIER : Cela n’a rien à...
CAVIL : 24 Ilon 981 ! A Thalion, Sophia Ryce, institutrice acquittée de la mort accidentelle de l’un de ses élèves de quatre ans qu’elle avait laissé sans surveillance. 13 Taron 993, Bart Ronn, violeur récidiviste, relâché après trois ans de prison pour bonne conduite. A nouveau jugé le 5 Ceron 994 et condamné à trois ans supplémentaires derrière les barreaux. Dois-je continuer ?
Husker intervint d’une voix indifférente, tout en s’allumant un autre cigare.
HUSKER : Crois-moi, il est plein de ce genre de trucs. Il peut passer la journée ici.
CAVIL :  Ne pensez pas une seule seconde que je ne suis pas capable de maintenir l’ordre dans ma ville ! Les seuls criminels de l’autre côté de cette barrière sont ceux que vous avez laissés quitter le territoire Odysséen. Devrais-je m’excuser de ramasser vos déchets lorsque vous les jetez devant ma porte ?
L’officier ouvrit la bouche pour répondre mais se retint et s’éloigna d’un air frustré, criant un dernier avertissement aux frères Dimzad par-dessus son épaule :
POLICIER : Une heure ! Je peux encore retenir mes hommes une heure, mais une minute de plus et je serai forcé d’intervenir !
HUSKER : On sera prêts à vous recevoir.
CAVIL : Silence, Husker.
Husker ricana et fourra un cigare entre les dents de son frère avant de l’allumer et de jeter l’allumette au milieu des voitures de police.
Je devais me dépêcher. La dernière chose dont j’avais besoin était une guerre entre l’Empire et Dimzad par ma faute.
Je me tournai à nouveau vers l’entrée de la ville, qui consistait d’une grande barrière de taule froissée au milieu de la route, mais je ne la franchirais pas sans me faire repérer par la foule qui était toujours amassée devant.
Quelques mètres plus loin se trouvait cependant le portail piéton, surveillé par un unique garde à l’air endormi. Ma seule chance était d’emprunter ce passage. Mais même celui-ci était exclu sans une bonne diversion.
Glizz sembla lire dans mes pensées, puisqu’il fit mine d’avancer discrètement vers les voitures de police. Je le retins d’une main et lui fis signe de ne pas faire de bruit, pointant du doigt dans la direction du portail. Le gobelin me sourit et se dégagea de mon emprise, me faisant comprendre -- je ne sais toujours pas comment -- qu’il avait un plan.
Je retins mon souffle, cachée derrière un rocher, et me surpris même à croiser les doigts, espérant que peu importe ce qu’il avait prévu de faire me laisserait assez de temps pour me faufiler à l’intérieur de la ville. Observant la scène aussi discrètement que j’en étais capable, j’attendis que Glizz soit arrivé à hauteur de la voiture de police la plus proche et m’apprêtai à bondir.
Husker fut le premier à l’apercevoir, et il haussa simplement un sourcil, curieux de voir si cet intrus lui offrirait le moindre divertissement alors qu’il commençait manifestement à s’ennuyer.
Lorsque les policiers réalisèrent qu’ils n’étaient pas seuls, Glizz était déjà debout sur le capot d’un fourgon blindé, sautant dessus à pieds joints, et Husker éclata d’un rire qui résonna plusieurs secondes tout autour de nous lorsque le gobelin se mit à uriner sur le pare-brise sous les yeux ébahis des policiers qui semblaient tous attendre que quelqu’un d’autre sache gérer cette situation atypique. Même Cavil afficha un sourire en coin, l’air vaguement amusé.
C’était le moment ou jamais. Je courus aussi vite que mes jambes me le permettaient, et je sentis l’adrénaline me faire rougir d’appréhension et d’excitation alors que je plongeais littéralement à travers le portail, étouffant un grognement de douleur en tombant à quatre pattes sur le sol rocailleux et brûlant, toussant pour ne pas avaler le nuage de poussière qui m’avait accueillie à terre.
Je me redressai lentement et jetai un regard au garde qui n’avait même pas levé les yeux et ne semblait pas être conscient de mon existence.
C’est une voix familière qui me fit revenir à la réalité.
FLUX : Visala !
Lorsque je me tournai pour faire face à lui, il n’était plus qu’à quelques mètres de moi, approchant au pas de course, suivi de près par Roxane qui semblait tout aussi inquiète que furieuse.
FLUX : Que s'est-il passé ? Où étais...
ROXANE : Où est Jose ?
Reprenant difficilement mon souffle, je ne parvins qu’à articuler un mot, consciente qu’il suffirait amplement.
VISALA : Glass.
Ils restèrent tous les deux silencieux quelques secondes, l’air incrédule. Roxane fut la première à briser le silence.
ROXANE : Merde ! Merde, merde, merde, merde, merde. Bigot ! Je le savais ! Je l'avais dit, que ça puait le piège ! Pourquoi est-ce que j'ai encore écouté ce crétin de Jose ?!
FLUX : Glass ?!
VISALA : Avec deux hommes. Ils l'ont capturé. Ils ont dit qu’ils le ramenaient à Meast !
FLUX : Comment a-t-il réussi à emmener Jose ? Vivant !
Je baissai les yeux. C’était le moment que j’avais le plus redouté : comment leur admettre que tout était de ma faute ? Que si je n’avais pas été là, Jose n’aurait pas hésité une seconde à se battre et serait toujours en liberté ? Je voulus répondre mais aucun son ne sortit de ma bouche. Roxane étouffa un hurlement de rage. Elle avait très bien comprit.
ROXANE : Ce salaud va payer très cher.
Sans un mot de plus, elle s’éloigna d’un pas déterminé vers la sortie de la ville. Flux et moi la suivîmes, mais à la seconde où nous passâmes devant Husker et Cavil, l’officier de police poussa un cri triomphal en me voyant enfin arriver et se précipita vers moi.
POLICIER : Mademoiselle Fisher ! Tout va bien ? 
HUSKER : Evidemment, qu’elle va bien, on vous a dit qu’on n’avait pas l’intention de la bouffer...
L’homme le fusilla à nouveau du regard et posa une main sur mon épaule.
POLICIER : Venez avec moi, on vous raccompagne chez vous.
VISALA : Non, je ne peux pas, je dois...
ROXANE : Va avec eux.
VISALA : Mais...
ROXANE : Tu ne peux plus rien faire pour lui. Rentre à Thalion. Ta famille doit s’inquiéter pour toi.
Je voulus protester, mais Roxane était déjà loin. Flux s’approcha de moi et prit ma main. Il m’adressa un sourire chaleureux, comme s’il faisait ses adieux à un vieil ami, et me parla d’une voix douce :
FLUX : Peut-être à un autre jour, Visala. Prends soin de toi.
Une larme roula sur ma joue. Ca ne pouvait pas se finir comme ça. Je venais juste d’arriver. Je ne pouvais pas déjà rentrer.
Mais Flux, lui aussi, était déjà parti.
Désespérée, je tournai un regard implorant vers les frères Dimzad. Mais eux non plus ne pouvaient pas m'aider. Husker me fit un signe de la main mais resta à côté de Cavil.
HUSKER : Reviens quand tu veux. Tu seras toujours la bienvenue ici.
Vaincue, je tournai les talons et suivis le policier. Je m’installai dans la voiture verte alors qu’il montait à l’avant.
Je posai une dernière fois mes yeux sur Dimzad, et l’idée de retrouver Thalion brisa quelque chose en moi, me démunissant de toutes mes forces. Je laissai ma tête tomber sur la vitre et nous démarrâmes.
VISALA : Qu’est-ce qui est arrivé au gobelin ?
POLICIER : Il s’est enfuit. Pourquoi ?
VISALA : Pour rien.
POLICIER : Pisser sur le pare-brise... C’est vous qui lui avez dit de faire ça ?
VISALA : Non. Ce n’est pas moi.
Je souris. J’aurais bien aimé. Mais ce n’était pas moi.

A suivre...